- ZAÏRE - Actualité (1990-1996)
- ZAÏRE - Actualité (1990-1996) P align=centerRépublique du ZaïrePolitique intérieureLe 24 avril 1990, le président Mobutu Sese Seko annonce le rétablissement du multipartisme, limité dans un premier temps à 3 formations. Il renonce également à ses fonctions de chef du parti au pouvoir, le Mouvement populaire pour la révolution, afin de jouer désormais un rôle d’arbitre.Le 14 décembre, les députés votent une loi officialisant le multipartisme.Le 23 septembre 1991, des militaires dévalisent et détruisent des entrepôts à Kinshasa pour protester contre le retard apporté au versement de leur solde. Pendant 2 jours, émeutes et pillages se poursuivent dans la capitale, causant la mort de 117 personnes, selon un bilan officiel. Le couvre-feu est instauré. Le 25, Nguza Karl I Bond, président de l’Union sacrée qui regroupe les partis d’opposition, réclame la convocation de la Conférence nationale sur l’avenir du pays, qui s’est ouverte en août mais dont les travaux ont été rapidement suspendus. Le 28, sous la pression de la France, qui appelle à la «démocratisation» du régime, le président Mobutu accepte de recevoir une délégation de l’opposition. Le 29, Étienne Tshisekedi, un de ses principaux dirigeants, est chargé de former un «gouvernement d’union nationale». Le 21 octobre, il est révoqué par une ordonnance présidentielle. Le 23, Mungul Diaka, membre de l’opposition mais aussi ancien ministre de Mobutu, est nommé Premier ministre. Cette nomination provoque des émeutes dans la capitale. Le 22 novembre, grâce à une médiation sénégalaise, l’opposition et les Forces démocratiques unies (ex-majorité présidentielle) acceptent de signer une déclaration commune, qui prévoit la mise en place d’un gouvernement de consensus. Le 25, le président Mobutu nomme au poste de Premier ministre Nguza Karl I Bond. Il forme son gouvernement le 29, sans la tendance radicale de l’Union sacrée.Le 30 juin 1992, le pouvoir et la Conférence nationale concluent un accord autorisant cette dernière à élire le Premier ministre contre l’assurance du maintien du président Mobutu à la tête des forces armées et la garantie pour lui de ne pas être inquiété à l’issue de la période de transition.Le 15 août, la Conférence nationale élit Étienne Tshisekedi Premier ministre et le charge de mener à bien l’avènement de la IIIe République. Il est investi dans ses fonctions par le président Mobutu le 19 août.Le 15 janvier 1993, le Haut Conseil de la République (H.C.R.), mis en place en août 1992, engage une procédure de destitution du président Mobutu devant la Cour suprême. Le 28, à Kinshasa, les troupes loyalistes tentent de réduire la mutinerie de soldats mécontents d’être payés en monnaie sans valeur. L’ambassadeur de France, Philippe Bernard, est tué au cours des combats. Les 30 et 31, plus d’un millier d’étrangers sont évacués vers le Congo.Le 17 mars, le «conclave» politique, réuni depuis le 9 par le président Mobutu pour résoudre la crise des institutions provisoires, nomme au poste de Premier ministre Faustin Birindwa, un transfuge de l’opposition en remplacement d’Étienne Tshisekedi qu’il a limogé le 5 février. Le 22, ce dernier présente devant le H.C.R. un autre gouvernement, qui n’a de pouvoir que celui de la contestation.Le 14 janvier 1994, à la suite de la conclusion d’un accord entre la Mouvance présidentielle et certains des partis regroupés au sein de l’Union sacrée de l’opposition radicale, le président Mobutu annonce la démission du gouvernement de Faustin Birindwa et la dissolution du Parlement ainsi que celle du H.C.R. qui doivent être regroupés au sein du Haut Conseil de la République-Parlement de transition (H.C.R.-P.T.). L’accord entre le pouvoir et l’opposition résulte de négociations engagées en septembre 1993. Le 23, le H.C.R.-P.T., qui doit élire le Premier ministre, se réunit pour la première fois. Le 30 mars, il adopte les règles qui régiront la période de transition, fixée à 15 mois.Le 14 juin, le H.C.R.-P.T. nomme à la tête du gouvernement Léon Kengo Wa Dondo, ancien Premier ministre et candidat modéré de l’opposition. Le chef de l’opposition radicale Étienne Tshisekedi, Premier ministre choisi par la Conférence nationale en août 1992 et limogé par le président Mobutu en février 1993, juge illégale la nomination de Léon Kengo Wa Dondo et affirme qu’il demeure le seul chef légitime du gouvernement.En avril et mai 1995, une épidémie de fièvre hémorragique due au virus Ebola fait un peu plus de 250 morts.Le 29 juin, le Parlement décide la prolongation de 2 ans de la période de transition et le report des élections générales pluralistes à juillet 1997.À partir de septembre 1996, des combats opposent l’armée à des rebelles banyamulenge menés par Laurent-Désiré Kabila, le long des frontières burundaise et rwandaise. Ces Tutsi d’origine rwandaise, qui sont installés au Zaïre depuis 2 siècles mais ne sont pas reconnus par Kinshasa, revendiquent la souveraineté sur la région du Kivu. Le Zaïre accuse le Rwanda d’armer les Banyamulenge en vue de neutraliser les extrémistes hutu rwandais qui agissent à partir du territoire zaïrois. Ces combats provoquent un exode des Hutu rwandais réfugiés au Zaïre, qui quittent en masse les camps où ils étaient installés. Une grande partie de ceux-ci regagnent le Rwanda à partir du 15 novembre.Le 17 décembre, le président Mobutu Sese Seko fait un retour triomphal dans son pays, après son opération d’un cancer en Suisse, en août, et sa convalescence en France. Le 18, il destitue le chef d’état-major des armées, à la suite des revers subis par l’armée face aux rebelles tutsi qui progressent dans l’est du pays.Le 24 décembre, le président Mobutu confirme Léon Kengo wa Dondo à la tête du gouvernement au sein duquel 3 dirigeants de l’opposition – mais pas Étienne Tshisekedi – font leur entrée.Le 3 février 1997, les rebelles de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (A.F.D.L.), dirigés par Laurent-Désiré Kabila, prennent pied dans la province minière du Shaba, après avoir progressé dans celles du Sud-Kivu, du Nord-Kivu et du Haut-Zaïre.Le 15 mars, les rebelles s’emparent de Kisangani, troisième ville du pays et base arrière de l’armée qui a abandonné ses positions sans combattre.Le 18, Léon Kengo wa Dondo est destitué par le Parlement de transition à une très forte majorité mais selon une procédure irrégulière. De son côté, Laurent-Désiré Kabila confirme la progression de ses troupes vers Lubumbashi, capitale du Shaba et deuxième ville du pays, et prédit la conquête de Kinshasa «avant juin».Le 21, le maréchal Mobutu appelle à la création d’un «Conseil national représentant les divers courants politiques, l’armée et le Parlement» avant de regagner son pays.Le 24, Léon Kengo wa Dondo remet sa démission au président Mobutu.Le 26, des représentants du pouvoir et de la rébellion se rencontrent, pour la première fois, en marge du sommet de l’O.U.A., à Lomé (Togo), sous la pression de la communauté internationale. La déclaration finale du sommet, le 27, fait état d’un accord entre les deux parties sur le «principe d’un cessez-le-feu et le principe de négociations».Le 2 avril, le président Mobutu nomme au poste de Premier ministre, en application de la Constitution de transition, le candidat de l’opposition Étienne Tshisekedi dont la désignation a été avalisée par la mouvance présidentielle.Le 5, les négociations interzaïroises débutent en Afrique du Sud.Le 9, les rebelles conquièrent Lubumbashi.Le 9 également, Étienne Tshisekedi, désavoué par le camp présidentiel comme par l’opposition, est remplacé par le général Likulia Bolongo, ancien ministre de la Défense, qui forme, le 11, un gouvernement de salut national.Le 17, le président sud-africain Nelson Mandela invite officiellement le président Mobutu et le chef de l’A.F.D.L. à se rencontrer dans son pays. Mais, alors que le chef de l’État zaïrois évoque un processus de transition, Laurent-Désiré Kabila n’envisage qu’une simple passation des pouvoirs.Le 4 mai, les pourparlers entre le maréchal Mobutu et Laurent-Désiré Kabila, organisés à l’initiative de Nelson Mandela et de Mohamed Sahnoun, envoyé spécial de l’O.N.U. et de l’O.U.A., ne permettent pas de régler le conflit.Le 17, les rebelles de l’A.F.D.L. entrent dans Kinshasa, abandonnée la veille par Mobutu. Laurent-Désiré Kabila se proclame chef de l’État rebaptisé République démocratique du Congo.Le 23, il forme son gouvernement, dans lequel ne figure pas Étienne Tshisekedi.Le 26, les autorités interdisent les activités des partis politiques et les manifestations sur la voie publique.Le 28, par décret-loi, Laurent-Désiré Kabila s’arroge tous les pouvoirs (exécutif, législatif et militaire) jusqu’à l’adoption de la nouvelle Constitution.Le 29, après avoir prêté serment en présence de plusieurs chefs d’État des pays voisins, il promet des élections présidentielle et législatives pour avril 1999.Vie économiqueEn 1991, le pays s’appauvrit en raison de l’arrêt des investissements et du manque d’entretien des installations. La production de cuivre et de zinc de la société nationale de métaux Gécamines, sur laquelle repose l’économie zaïroise, chute. Le pays connaît une hyperinflation. Le président Mobutu y contribue en accordant aux militaires et aux fonctionnaires, après les événements de septembre, des augmentations de salaire respectivement de 1 000 et 1 500 p. 100.En 1993, la vitalité traditionnelle de l’économie informelle permet aux Zaïrois de faire face à la décomposition du pouvoir politique. Le 19 octobre, une nouvelle monnaie, le nouveau zaïre, est créée.En 1994, le nouveau Premier ministre tente de remettre de l’ordre dans les finances publiques mises à mal par des malversations généralisées et de restaurer le crédit du pays. Il instaure l’indépendance de la banque centrale dont le directeur, artisan de l’hyperinflation, est limogé. Léon Kengo Wa Dondo rétablit le contact avec les bailleurs de fonds et les institutions financières internationales avec lesquels toute coopération était suspendue depuis 2 ans en raison des impayés accumulés par le pays.En 1995, l’activité économique progresse légèrement. L’économie demeure toutefois sinistrée, le revenu global du pays étant le même que celui de 1958, avant l’indépendance.En 1996, la situation économique du pays ne s’améliore pas. L’hyperinflation continue de régner. Seule l’exploitation des ressources minières fournit des devises à l’État. L’économie parallèle, qui alimente tous les trafics, représente environ 70 p. 100 du P.I.B. La lenteur du processus de démocratisation empêche le pays d’obtenir une aide internationale massive.Relations internationalesLe 25 octobre 1991, la France et la Belgique décident le départ de leurs troupes stationnées au Zaïre depuis les émeutes de septembre pour protéger la communauté étrangère, afin de protester contre le refus du président Mobutu de démocratiser son régime.En mars 1993, les États-Unis, la Belgique et la France qui, traditionnellement, soutenaient le président Mobutu, lui demandent de partager le pouvoir avec le gouvernement transitoire d’Étienne Tshisekedi.Proclamée en juillet 1994, la victoire militaire du Front patriotique rwandais (tutsi) au Rwanda a provoqué l’exil de plus de 2 millions de Rwandais, en majorité hutu, dont plus de la moitié se réfugient au Zaïre où ils sont regroupés dans des camps autour de Goma et de Bukavu.Le 19 août 1995, les autorités zaïroises commencent à rapatrier de force les réfugiés rwandais et burundais. Elles suspendent les expulsions le 24 après avoir obtenu des garanties au sujet de la reprise de la campagne de retours volontaires organisée par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.Le 15 novembre 1996, le Conseil de sécurité de l’O.N.U. adopte la résolution 1080 relative à l’envoi d’une force multinationale chargée d’une mission humanitaire dans le Kivu, où l’insurrection des rebelles tutsi provoque l’exode de centaines de milliers de réfugiés hutu. Toutefois, le retour massif des réfugiés au Rwanda, les jours suivants, remet en cause la nécessité de l’opération aux yeux des États-Unis, qui n’y étaient pas favorables initialement. L’opération sera finalement abandonnée.Le 18 février 1997, le Conseil de sécurité des Nations unies adopte à l’unanimité la résolution 1097 relative au plan de paix proposé par l’envoyé spécial de l’O.N.U., l’Algérien Mohamed Sahnoun, qui préconise, entre autres, un cessez-le-feu, l’ouverture de négociations au Zaïre et la convocation d’une conférence internationale sur la situation dans la région des Grands Lacs.Kinshasa accepte le plan de paix de l’O.N.U. le 5 mars et Laurent-Désiré Kabila, le 8, tout en subordonnant l’arrêt des hostilités à l’ouverture de négociations directes avec le pouvoir.Le 30 mai, les autorités démentent les accusations du Conseil de sécurité de l’O.N.U. concernant les massacres de réfugiés hutu rwandais dans l’est du pays qui aurait été perpétrés par les rebelles de Laurent-Désiré Kabila.
Encyclopédie Universelle. 2012.